Tiraillé entre deux mondes, ceux de l’esthétique et du médical, le microneedling fait l’objet de rappels à l’ordre de la part de la DGCCRF et des ARS. En voici les raisons.
De sa mécanique simple stimulant la production naturelle de collagène de la peau, le microneedling ne semble offrir que des avantages. Si le secteur esthétique le revendique de cœur, les autorités sanitaires l’assimilent encore à un acte médical au sens de l’arrêté du 6 janvier 1962. Question de point de vue, mais l’autorité fait foi et le microneedling est aujourd’hui un acte interdit aux esthéticiennes.
Microneedling : une absence d’encadrement
Victime de son succès, l’offre en microneedling s’élargit en France malgré l’absence totale d’encadrement. C’est là qu’est l’objet de la position des autorités à son sujet, au détriment des esthéticiennes. L’usage d’aiguille (même de petites tailles) implique un risque infectieux, les locaux d’exercice doivent répondre à des aménagements spécifiques (à l’instar du maquillage permanent) et la réalisation des actes doit faire l’objet de formations techniques et sanitaires adaptées. A cela s’ajoute l’émergence de variantes au microneedling traditionnel, qui impliquent notamment l’usage de produits additionnels tels que des composés à base d’acides hyaluroniques ou de mélanges de pigments. Dans ce cas, la notion « injectable » du microneedling rajoute de facto un verrouillage règlementaire sur sa pratique par les esthéticiennes, et renforce la surveillance des autorités. En bref, le microneedling n’est pas interdit en soi, mais il ne sera officiellement reconnu « esthétique » qu’une fois qu’un cadre dédié à sa pratique aura été établi.
Les praticiennes et le microneedling
Le sujet touche le métier au cœur même de sa définition : objectivement le microneedling n’a pas d’objectif thérapeutique ni de finalité médicale. Sa technologie et ses bénéfices sont étayés et en pratique, il répond parfaitement aux actes esthétiques. Il s’agit maintenant d’en faire reconnaître officiellement ces aspects. Les représentants de la profession, dans leur complémentarité, œuvrent auprès des autorités pour la reconnaissance d’un microneedling esthétique mais se heurtent inévitablement aux complexités administratives et aux conséquences de la pandémie que nous venons de traverser. Cela va prendre du temps. Les arguments en faveur d’un microneedling esthétique sont solides mais il faudra être patient avant que le sujet ne soit traité par les ministères et que vous puissiez l’exercer de plein droit. Affaire à suivre…
A savoir
Les rappels à l’ordre de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes ( DGCCRF) ou des Agences régionales de santé (ARS) sont en augmentation. Continuer de pratiquer le microneedling à la réception d’un avis d’interdit vous mettrait dans un risque juridique réel, par non-respect d’une obligation des autorités vous étant adressée. Les praticiennes peuvent également s’exposer à des poursuites dans le cadre de l’exercice illégal de la médecine en cas d’effet indésirable imputable à leurs actes ou d’un dépôt de plainte y étant lié. Il est donc impératif d’avoir conscience de la réalité juridique actuelle pour exercer le microneedling. Les détournements de titre (autres appellations que microneedling ) ou la revendication d’absence d’effraction cutanée durant l’acte ne constituent pas un droit à pratiquer à ce jour.
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